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Disparition de Jean-Louis Cohen

Grand passeur de la culture architecturale, chercheur prolifique, enseignant brillant, préfigurateur de la Cité de l’architecture et défenseur du patrimoine de l’architecture moderne, Jean-Louis Cohen est décédé à l’âge de 74 ans.
Publié le
, mis à jour le
1 mai 2024
Image
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Jean-Louis Cohen
(© Mandanarch / CC BY-SA 4.0)

Né à Paris le 20 juillet 1949 de parents scientifiques, qui sont aussi anciens résistants et communistes, il grandit dans un milieu érudit et fait plusieurs séjours dans sa jeunesse à Moscou et dans les pays d’Europe de l’Est.

Il étudie l’architecture à l’Ecole spéciale d’architecture puis à l’UP6 et obtient son diplôme en 1973.

Il commence sa carrière chercheur et d’historien de l’architecture à l’Institut de l’Environnement. A partir de 1976, il donne des cours à l’École d’architecture de Nantes sur l’histoire des formes et de la composition urbaine, puis à l’UP1 de Paris. Entre 1979 et 1983, il est en charge du Secrétariat de la recherche architecturale, au ministère de l’Équipement. Il occupe la chaire d’Histoire des villes à l’Institut français d’urbanisme de l’université Paris-VIII.

Il œuvre à l’implantation de la recherche dans les écoles d’architecture et pour la création des doctorats. Il obtient lui-même une thèse sur André Lurçat en 1985.

Il enseigne à partir des années 80 aux Etats-Unis, à Philadelphie, Washington, Harvard, Columbia, puis à New York où il est nommé à l'Institute of Fine Arts de NYU. Il enseigne parallèlement l’histoire de l’urbanisme à l’Institut Français d’Urbanisme de 1996 à 2005. Sa renommée devient internationale. Il devient professeur invité au Collège de France entre 2014 et 2021.

Entre 1998 et 2004, alors président du l’Institut Français d’Architecture, il mène la mission de préfiguration de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, dont il voulait aussi faire un lieu d’accueil pour la recherche et de débat citoyen.

Il est l’auteur de multiples ouvrages consacrés aux architectes (Mies van der Rohe, le Corbusier, Mallet Stevens ou Franck Gehry dont un catalogue raisonné des dessins est en cours de publication à son initiative) et aux villes (New York, Paris, Casablanca, Los Angeles, Moscou, etc.), souvent couplés à des expositions.

Il est en effet le commissaire de très nombreuses expositions montées dans le monde entier, depuis l’exposition du centre Pompidou « Paris-Moscou » en 1979, jusqu’à celles créées en 2023 sur le Paris de l’entre-deux guerre à Shanghai ou sur Mendes da Rocha à Porto, en passant par l’exposition du centenaire de Le Corbusier au Centre Pompidou en 1987, l’exposition « Des fortifs au périf » au Pavillon de l’Arsenal en 1991, ou encore « Le Corbusier. An Atlas of Modern Landscapes » au MoMA en 2013.

Défenseur du patrimoine architectural du XXème siècle, il s’était engagé ces dernières années pour la préservation de la Maison du peuple à Clichy et de la Butte rouge à Chatenay-Malabry.

Ses amis décrivent un homme à la fois plein d'humour et de sensibilité. Sa générosité était proverbiale.

C’était un chercheur au savoir encyclopédique qui parlait plusieurs langues, entre autres l'allemand, l'italien, le russe, l'anglais, le hollandais ce qui facilitait son rôle de "passeur universel".

Sa disparition prématurée constitue une grande perte pour tous les architectes. Il avait tant de projets en cours qui resteront inachevés.

Christine Leconte, présidente du Conseil national de l’Ordre des architectes, a rendu hommage à « un grand homme de combat et d'engagement » : « Nous lui devons tant pour la diffusion de la culture architecturale et de la recherche notamment, mais aussi tout ce qu'il faisait depuis de nombreuses années autour de la sauvegarde du patrimoine moderne du 20ieme siècle. »

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