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Les villes côtières ont besoin d’architecture

De plus en plus de communes sont confrontées au recul du trait de côte. La mer qui avance impose leur réaménagement, leur adaptation. Mais pour ces communes, bien qu’elles aient conscience des enjeux, le passage à l’action reste compliqué. 

Publié le
, mis à jour le
26 juin 2024
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Plage Saint-Jean-de-Luz

Plage Saint-Jean-de-Luz

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Pour agir et adapter les villes côtières au recul inexorable du trait de côte, une réglementation ajustée et des financements sont nécessaires, mais il s’agit aussi d’avoir une idée vers laquelle tendre, un projet à porter. C’est le type de démarche qu’un architecte peut accompagner : que souhaite-t-on faire du territoire, à quoi ressemblerait-il après la mise en œuvre d’une politique d’adaptation ? Peut-on d’un même geste l’adapter et l’améliorer ? 

 

Retours d’expérience des 7 villes les plus avancées

C’est ce qu’expliquaient les élus des 7 collectivités côtières* bénéficiant d’un projet partenarial d’aménagement (PPA), un grand contrat signé avec l’État, la collectivité et des acteurs locaux pour réaliser des opérations d’aménagement complexes. Dans ce cas précis, l’adaptation au recul du trait de côte. 

Lors d’un événement au printemps, ces 7 collectivités à la pointe étaient invitées à faire des retours d’expérience, et ils ont mis en évidence leur besoin en ingénierie pour bâtir leur vision de l’avenir. 

Elles ont souligné la valeur de l’anticipation et de la stratégie, de l’adhésion des habitants pour surmonter les réticences, de la confrontation au vécu local afin de le comprendre avant de dessiner un projet. 

 

Les architectes sont les professionnels dont les collectivités côtières ont besoin

Ces qualités d’anticipation, de stratégie et de concertation avec le terrain figurent parmi les outils que les architectes apportent. 

Si les collectivités peuvent avoir du mal à se projeter dans le temps long, l’architecte est là pour les aider à faire émerger un projet de territoire. Il arpente le terrain, il participe à la concertation avec les habitants, il comprend le territoire pour en faire émerger un projet cohérent. Il faut éviter la réaction au coup par coup et aller vers une recomposition spatiale du territoire tout entier. C’est précisément ce qui fonctionne pour s’adapter au recul du trait de côte. 

Et d’autres s’inscrivent dans cette ligne. Le projet AMITER par exemple, piloté par le Plan Urbanisme Construction Architecture (PUCA), le ministère de la Transition écologique et le Cerema, est un concours d’idées qui cherche à « faire du risque un levier de projet au service de la réduction de la vulnérabilité [des sites exposés] ». 

 Pour en savoir plus sur le projet AMITER 

Les expériences dans les collectivités pionnières font elles aussi écho à ces idées. À Coutances-sur-Mer-et-Bocage, au bord de la Manche, les 48 communes de la collectivité se sont rassemblées pour organiser des ateliers avec des architectes et paysagistes et imaginer leur lieu de vie dans des décennies. Tous les groupes de participants à ces ateliers ont alors envisagé un territoire complètement réaménagé, qui vit avec la mer plutôt que contre elle, sans digues ni protections. En travaillant avec la population, les professionnels de la ville ont fait émerger des récits de la recomposition littorale. 

L’expérience à Soulac-sur-Mer, en Gironde, va dans le même sens : selon les élus, pour imaginer l’avenir d’un territoire redessiné, il faut de l’ingénierie. Donc de l’architecture. Quant à Biscarosse, dans les Landes, leur politique de réaménagement se veut élargie et cohérente, intégrant de la densification et de la renaturation. Là encore, besoin d’architecture. 

 

Un terrain à investir

Un nouveau terrain s’ouvre donc pour les architectes. Le recul du trait de côte et le changement climatique en général s’imposent à un nombre croissant de communes. Le Cerema estimait récemment à 450 000 le nombre de logements affectés par le recul du trait de côte en 2100, un problème qui concerne 20 % du littoral français. 

Pour plus d'informations sur le rapport du Cerema 

Et les communes sont de plus en plus nombreuses à prendre le problème à bras-le-corps : alors que l’an dernier elles étaient seulement 126, puis 242 il y a quelques mois, elles sont désormais 316 à figurer sur le décret listant les communes devant prendre en compte le recul du trait de côte dans leur politique d’urbanisme. 

Pour plus d'informations

Or, ce dont ces collectivités de plus en plus nombreuses ont besoin, c’est de la vision large de l’architecte, de sa capacité à monter un projet de territoire cohérent. 

Au cours des prochaines années, les projets ont donc vocation à se démultiplier. Aux architectes de faire leur part pour des territoires résilients, où l’on puisse bien vivre pendant encore longtemps.  

Pour en savoir plus sur les impacts du recul du trait de côte en 2029, en 2050 et en 2100 : https://www.geolittoral.developpement-durable.gouv.fr/evaluation-des-enjeux-exposes-au-recul-du-trait-de-a1608.html 


* Les 7 collectivités côtières : Coutances-sur-Mer-et-Bocage, Soulac-sur-Mer, Lacanau, Biscarosse, Bidart-Guéthary, Saint-Jean-de-Luz, Sète

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