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Lettre ouverte au Président de la République

La présidente du Conseil national de l'Ordre des architectes est co-signataire d'une lettre adressée au Président de la République pour défendre l'avis conforme de l'ABF concernant l'installation de panneaux photovoltaïques en centres historiques, dans le cadre de la loi "production des énergies renouvelables".
Publié le
, mis à jour le
1 mai 2024
Image
Solaire
Panneaux solaires en toiture
(CC0 Domaine public)

Christine Leconte, Présidente du Conseil national de l'Ordre des architectes, a co-signé une lettre ouverte à l'attention du Président de la République avec Sites & Cités remarquables de France, l'Association des Architectes des Bâtiments de France, Stéphane Bern... et d'autres acteurs de la politique territoriale, patrimoniale et architecturale française. Cette lettre ouverte a pour objectif de l'interpeller sur l'amendement proposé par la Commission aménagement et développement durable du Sénat, dans le cadre de la loi "production des énergies renouvelables". Cet amendement vise à supprimer l'accord (avis conforme) de l'ABF concernant l'installation de panneaux photovoltaïques en centres historiques.
 

DES PANNEAUX PHOTOVOLTAIQUES DANS LES CENTRES ANCIENS !
LETTRE OUVERTE AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE


Monsieur le Président de la République,
Revient avec force la perspective d'un amendement parlementaire au texte du Projet de loi « Production d'énergies renouvelables » aboutissant à supprimer l'accord (avis conforme) de l'Architecte des Bâtiments de France sur les implantations d'équipements producteurs d'électricité, en centres historiques.

Nous sommes favorables au développement des énergies renouvelables.
Comment ne le serait-on pas ?

Mais les secteurs qui sont placés sous contrôle des Services de l’Etat et par l’entremise des Architectes des Bâtiments de France ne représentent que 6% de l'espace national. Portion infime sur laquelle ne pourraient être exposés que des équipements mineurs.
Si la perspective qui consiste à fournir, à partir du patrimoine national, une vitrine aux producteurs d'électricité est effrayante, elle est donc - énergétiquement - purement symbolique et culturellement, esthétiquement, dramatique.

Reprenons toutes et tous le discours de Malraux en 1962, défendant sa loi. Il a marqué l'histoire de notre Patrimoine et allons au passage où il imagine les quais de la Seine, en face de Notre-Dame, livrés sans règles aux promoteurs.
Qu’il soit nécessaire d’engager le dialogue et de rechercher collectivement des solutions à l’adaptation de l’environnement - d’une manière générale - aux contraintes qui sont désormais les nôtres, bien sûr. Passer en force déboucherait sur une situation critique.

Nous demandons avec insistance et détermination l'abandon pur et simple d'un tel projet à celles et ceux dont nous partageons le souci du développement durable mais dont l'adhésion à cette malheureuse idée nous ramènerait à une époque où la presse parlait de " la France défigurée". Elle aurait vite fait de renouer avec cette virulente critique.

Monsieur le Président de la République, nous sommes convaincus que vous partagez ce sentiment et nous comptons sur votre soutien.

Croyez Monsieur le Président de la République à l’assurance de nos sentiments les plus respectueux.

Les premiers signataires :

Martin MALVY, Président de Sites & Cités remarquables de France, ancien Ministre
Stéphane BERN, Chargé de mission pour le patrimoine en péril
Gilles ALGLAVE, Président de Maisons Paysannes de France
Jean-François CARON, Président des Biens Français du Patrimoine Mondial
Yves DAUGE, membre fondateur de Sites & Cités remarquables de France, ancien sénateur et maire de Chinon, ancien président de la "Commission Nationale de l’Architecture et du Patrimoine"
Alain DI STEFANO, Président des Plus Beaux Villages de France
Françoise GATEL, Présidente des Petites Cités de caractère
Philippe HUPPE, Président de Ville et Métiers d’Art
Maître Alain de LA BRETESCHE, Président de Patrimoine-Environnement
Julien LACAZE, Président de Sites et Monuments
Christian LAPORTE, Président des Architectes du Patrimoine
Christine LECONTE, Présidente du Conseil National de l’Ordre des Architectes
Jean-Pierre LELEUX, Maire Honoraire de Grasse et ancien sénateur des Alpes-Maritimes, Ancien président de la "Commission Nationale de l’Architecture et du Patrimoine"
Olivier de LORGERIL, Président de la Demeure Historique
Hervé MARITON, ancien Ministre, maire de Crest et Président des Plus Beaux Détours de France
Marie-Georges PAGEL-BROUSSE, Présidente de REMPART
Jean ROUGER, ancien député, membre fondateur de Sites & Cités remarquables de France
Fabien SENECHAL, Président des Architectes des Bâtiments de France
Philippe TOUSSAINT, Président de Vieilles Maisons Françaises
Louis VILLARET, Président du Réseau des Grands Sites de France

 

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Commentaires

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Bonjour,

Je suis propriétaire d'un appartement en zone ABF sur le territoire de Saint-Denis.

Économiquement, L'installation de panneaux solaires me permettrait de faire des économies d'énergie. Ces économies ne sont pas symboliques pour les habitants des territoires en zone ABF.

Esthetiquement, un immeuble neuf horrible juste à côté de ma propriété à été construit en 2017 par Bouygues Immobilier. Il s'intègre bien plus mal dans le centre-ville historique que ne le serait des ajouts intelligents de panneaux photovoltaïques. Plutôt que d'être réfractaire au changement, les ABF pourraient par exemple faire des préconisations sur les couleurs des panneaux photovoltaïques afin à terme d'avoir des teintes homogènes en toiture sur le territoire national.

Symboliquement, il n'est pas entendable en pleine crise énergétique, de dire "ne faisons pas d'économies d'énergies ici, car ça ne va pas faire joli".

De plus, il me semble que l'installation de panneaux photovoltaïques ne sera pas automatique en zone ABF. Ils donneront toujours leur avis. Charge ensuite à la municipalité de le suivre ou non en fonction des cas. Personne n'imagine des panneaux solaires en face de la cathédrale de Notre-Dame. Il y a sûrement des cas dans des zones ABF où il n'y a pas de réels enjeux pour l'installation de panneaux photovoltaïques.

Enfin, il n'y a que des plaintes dans votre lettre. Quelles solutions proposez-vous pour l'accélération des énergies renouvelables en zone ABF et dans une plus large mesure pour la rénovation énergétique globale et performante des bâtiments dans ces mêmes zones ?

 

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Bonjour,

Une mobilisation équivalente sera-t-elle également mise en place au sujet du projet de loi relatif à l’accélération des procédures liées à la construction de nouvelles installations nucléaires dont l’impact sur le paysage est également à craindre - sans parler des problématiques écologiques?

On lit dans le lien ci-dessous que ce projet vise, entre autres (je cite):

« - de dispenser de permis de construire les installations et travaux portant sur la création d’un réacteur nucléaire. La conformité aux règles d’urbanisme sera contrôlée par l'État ; 

- de construire des nouveaux réacteurs nucléaires en bord de mer, s’ils sont installés proches ou dans le périmètre de la centrale nucléaire existante, comme c'est le cas pour le projet de la première paire d’EPR2 à la centrale de Penly, près de Dieppe en bord de Manche. L’application de la loi Littoral est écartée pour ces constructions ;

- des mesures d’expropriation, avec prise de possession immédiate, pour les ouvrages annexes aux projets de réacteurs nucléaires reconnus d’utilité publique (installations de pompage, sous-station électrique...). »

https://www.vie-publique.fr/loi/286979-projet-de-loi-pour-accelerer-le-nucleaire

 

Merci pour votre retour

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Je suis tout bonnement révolté par cette lettre.

Vivre dans un secteur soit-disant "protégé" condamne donc ses habitants à vivre avec un siècle de retard.

J'espère que cet amendement passera, et qu'il ouvrira la voie à d'autres évolutions libératoires, permettant à chacun quelque soit son lieu d'habitation d'aller vers les technologies durables de son choix.

Je vais agir auprès des député(e)s de ma région pour qu'il prennent conscience de la honte que représenterait le rejet de cet amendement.

 

 

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Mon message laissé hier n'a pas laissé de trace. Il est peut-être en cours de validation ?

Au "cas où" je remets le couvert :

... Effarement total à la lecture de cette lettre ouverte au Président de la République.

Il y a deux France, l'une qui est autorisée à vivre au 21° siècle et l'autre condamnée à vivre à reculons dans un passé fantasmé et bon chic bon genre. Mais il est vrai que cette deuxième France ne représente que "6% de l'espace nationale" ... et tant pis pour les millions de pékins qui habitent (et qui représentent certainement plus de 6% de la population nationale, mais ça ça ne colle pas avec votre dialectique besogneuse).

J'habite dans un secteur sauvegardé, on nous interdit tout ce qui n'est pas du pan de bois. Pas question de monter un mur sans faire un soubassement en briques (la fausse brique est acceptée ... quel bonheur !). Alors inutile de vous parler des panneaux photovoltaïques, des éoliennes.

Comment avez-vous pu vous compromettre dans cette pathétique manœuvre ?